Internet a bousculé les usages en permettant de relier les pages web, voire des sites web différents, entre eux : le lien hyertexte. Cette simple balise HTML <a href>
a transformé notre façon d’accéder et de parcourir l’information.
Plus tard, Google apporte une innovation qui permettra d’ajouter encore une valeur ajouté aux liens hypertextes : elles servent désormais également à mesurer la pertinence du contenu diffusé sur la toile.
L’extrait de texte ci-dessous a été tiré d’une publication de l’italien Baricco Alessandro où, dans son argumentation à tonalité philosophique, il met en valeur la grande mutation qui a accompagné l’avènement de Google et de l’internet en général.
Ce texte a particulièrement attiré mon attention dans la mesure où cette innovation qu’a été la création du moteur de recherche a donné naissance à une nouvelle obsession : le référencement.
« Google, est de fait ce qui ressemble le plus pour nous à l’invention de l’imprimerie. Ces deux-là [Larry Page et Serguei Brin] sont les seuls Gutenberg apparus après Gutenberg.
[…] Pour Page et Brin, en revanche, ce fut là que tout commença. Ils furent parmi les premiers à deviner que ces liens n’étaient pas une option en plus sur la toile : ils étaient son sens même, son accomplissement ultime. Sans les liens, Internet serait resté un
Baricco, Alessandro, Les barbares.
catalogue, nouveau dans sa forme, mais traditionnel dans son essence. Avec les liens, le réseau devenait quelque chose qui allait
changer la façon de penser. »
Essai sur la mutation, Paris,
Gallimard, 2014
Du PageRank à l’obsession du référencement
La véritable révolution introduite par Google réside dans son algorithme PageRank, qui attribue une valeur quantifiable aux liens. Ce qui n’était qu’un moyen de navigation est devenu un indicateur de pertinence et d’autorité. Cette innovation a transformé internet en un écosystème interconnecté où chaque lien participe à une évaluation collective de la crédibilité d’une source.
Cependant, cette mesurabilité a engendré une conséquence imprévue : l’obsession du référencement. Ce qui était à l’origine un indicateur de qualité est progressivement devenu une fin en soi pour de nombreux créateurs de contenu. Le SEO (Search Engine Optimization) s’est imposé comme une discipline essentielle, parfois au détriment de l’expérience utilisateur.
La course algorithmique : un jeu de cache-cache contre-productif
Aujourd’hui, nous observons une situation paradoxale : d’un côté, des éditeurs de sites web qui multiplient les techniques pour améliorer leur classement, et de l’autre, Google qui complexifie régulièrement son algorithme pour contrer ces pratiques et identifier les contenus véritablement pertinents.
Cette dynamique a créé une véritable course aux armements numériques. Les techniques de référencement évoluent du « white hat » (pratiques éthiques) au « black hat » (pratiques manipulatrices), tandis que les mises à jour algorithmiques comme Panda, Penguin ou BERT tentent de rétablir l’équilibre.
Le résultat ? Un gigantesque jeu de cache-cache entre moteurs de recherche et référenceurs, qui détourne parfois l’attention de l’essentiel : l’humain derrière l’écran.
Vers une approche centrée sur l’humain : le DPO
Mon point de vue est le suivant : Penser DPO [Digital Presence Optimization] plutot que SEO [Search Engine Optimization] … en d’autres termes considérer l’humain derrière la machine
Certes, gagner en visibilité sur les moteurs de recherches est un objectif tout à fait louable, mais il ne s’agit pas d’une finalité. Au contraire, si on en revient à l’esprit initial, la position dans le « classement » est un indicateur.
Le fait est qu’aujourd’hui, beaucoup d’éditeurs de sites web en ont fait un objectif absolu à atteindre coûte que coûte, sans réellement tenir compte de la perception du véritable destinataire final : l’internaute.
L’optimisation de présence numérique (DPO, ou optimisation de présence web) est la mise en place d’une stratégie entre l’adaptation d’une stratégie de communication au contexte du web et les optimisations techniques pour faciliter la compréhension des contenus par les moteurs de recherches (SEO, dans le sens originel du terme).
L’objectif est alors de cibler, non pas les machines (moteurs de recherches) mais l’utilisateur, véritable consommateur final de l’information, pour avoir un impact sur le long terme et sur une véritable perception humaine.
La véritable valeur d’internet réside dans sa capacité à connecter des informations entre elles, mais surtout des humains entre eux. Retrouver cette essence, c’est peut-être le véritable enjeu de notre présence en ligne.
« Ce que Google enseigne, c’est qu’il y a aujourd’hui une quantité énorme d’humains pour qui, chaque jour, le savoir important est le savoir capable d’entrer en séquence avec tous les autres. »
Alessandro Baricco
Derrière chaque clic, chaque recherche, chaque interaction se trouve un être humain avec ses besoins, ses attentes et sa sensibilité. C’est en gardant cette réalité à l’esprit que nous pourrons véritablement optimiser notre présence numérique.